L’herbe est plus verte ailleurs

CAROLINE 

« Toi la Lionne qui me tourne désormais le dos, tu m’avais longuement regardée, et pourtant j’ai choisi cette photo où tu cherchais l’intimité, et moi, je recherche tes pensées, j’aimerais que tu m’éclaires.

Je connais ta sagesse, tu es Reine, quant est-il de votre message pour nous, les hommes et les femmes de l’autre monde. »

LA LIONNE

« Au loin, tu vois, il y a cette montagne, dans la nuit, avec ce croissant de Lune, et les étoiles tout autour, nous voyageons toujours avec la Lune et les étoiles, nous nous laissons portés par le magnétisme des étoiles, nous ne sommes pas de grands voyageurs mais nous aimons explorer notre territoire, même s’il est de plus en plus petit, à cause de vous, les hommes. Nous avons encore en nous, ce sens de l’aventure, ce goût de l’imprévu.

Il y a surtout une chose que nous souhaitons préserver, c’est notre famille, la chaleur de notre foyer, nous aimons nos petits, nous les protégeons, nous les gardons à tour de rôle, il n’y a pas de concurrence entre nous, entre le père et la mère, c’est dans la joie, le jeu que nous élevons nos petits, nous avons conscience que nous sommes leurs guides, alors nous faisons bien attention à ne pas déborder dans nos rugissements, dans nos colères, dans nos peurs. 

Nous sommes perturbés par tout le changement terrestre, par l’invasion des hommes sur notre territoire, notre comportement change petit à petit, nous vivons avec vous, nous avons moins peur, et nous sommes de plus en plus dociles, à votre image, vous aussi, vous vous laissez faire facilement .

Être dans un zoo ou dans la savane, au final, où est la différence ? Nous subissons vos transformations dans vos retranchements. Vous vous privez de plus en plus de vos libertés, vous vous coupez de plus en plus de vos intuitions, cela nous touche et nous-même, nous nous résignons.

Je ne souhaite pas vous donner de leçons, ni vous faire culpabiliser, je regarde encore les étoiles et j’observe la Lune, je garde un oeil sur mes petits même si je n’ai pas à les nourrir avec le fruit de ma chasse, je sais trouver le bonheur au fond de mon coeur, parce que ce qu’il y a de plus précieux pour nous les fauves, c’est vraiment cet esprit de famille, de chaleur, de joie, de jeux, nous nous laissons porter par la vie, laissez-vous aussi porter par la vie, vous avez des combats inutiles, un seul devrait être le maître-mot de vos pensées, c’est celui de votre liberté, ne la gâcher pas, ne la perdez pas, préservez-la, déjà définissez-la, que signifie-t-elle pour vous ? Jusqu’où êtes-vous prêts à aller pour vous l’octroyer, pour déployer vos ailes ? Vous vous emprisonnez sans vous en rendre compte.

Toutefois, avoir ses libertés restreintes n’empêche pas l’amour, n’empêche pas la joie et la paix, c’est ça le secret, c’est que nous avons une infinie liberté en nous, en nous tous, peu importe de quelle âme s’agit-il, la liberté en nous tous, juste il est important à apprendre à en jouir. Vous, pouvez encore me regarder en passant devant mon territoire si restreint, à vous questionner si je suis heureuse ou malheureuse, je peux vous dire que je suis en paix, j’y trouve mon compte, j’attendrais une prochaine vie pour retrouver l’odeur de ma terre d’origine, n’ayez pas honte, mais gardez mon regard dans votre esprit comme un cri d’alerte dans un futur potentiel alarmant. 

Avec tout mon amour, je vous souhaite, vous les humains, d’être des hommes libres. »

Entretien ‘chamanique’ avec la Lionne

LA LOUVE

« Je suis la Louve, je suis à l’affût de ton regard, toi la passante, toi la pensante, je ne te permets pas de penser à ma place, je ne te permets pas de passer sans me regarder, plonge ton regard dans la profondeur du mien, tu y verras mon âme, je crie au loup, tu cries au loup et ça m’amuse, nous sommes de fidèles compagnons depuis des siècles, tu as recherché ma compagnie, je t’ai suivi, tu m’as traquée, tu m’as chassée, je t’ai observée, parfois je t’ai aimée et j’ai été fidèle, je suis une Louve fidèle, je n’abandonne jamais les miens, alors même si nous ne vivons pas ensemble, j’ai toujours un regard sur toi, protecteur, nous sommes ennemis, nous sommes amis, tu me vénères, je te crains, tu fais semblant, je me cache, j’ai peur du feu, de ton feu, mais nous nous retrouvons dans les braises de la joie, regarde au loin, tout au loin tu vois mon ombre se profiler sur la crête de la colline, une file indienne, comme si nous criions à la mort; nous jouons aux bêtes féroces, affamées, nous avons pourtant ce qu’il faut, nous sommes une tribu, nous sommes votre légende, regarde-moi encore dans la lumière de mon regard, je te défie de suivre mes pas, d’avancer à pas de loup, d’éviter de faire du bruit, je te défie d’être discrète dans mon monde. 

Laisse-moi vivre selon ma nature et reprends confiance en ta nature, toi l’humain, regarde tes mains, tu as oublié tout le secret dont elles disposent, tes mains sont guérisseuses, tes mains sont capables de grands travaux, tes mains sont douceur, caresses, tes mains sont aimantes, protectrices, rassurantes, de ces mains, touche la terre, tape du pieds et touche cette terre, roule toi dans la terre, connecte-toi à elle, et peut-être que tu retrouveras cette connexion que nous les loups, avons avec cette Terre-mère, je t’en supplie, ce n’est pas nous dont il faut vénérer, admirer les légendes mais plutôt celles de la Terre, et de révéler tous ses secrets, ils sont en vous, ouvrez votre coeur, votre conscience, écoutez les sons, vibrez au son de la Terre.

Je retourne dans ma tanière, détourne le regard et file droit vers ton destin, je te remercie pour ton attention. »

Entretien ‘chamanique’ avec la Louve